10 Mai Île de la cité : un beau projet d’aménagement pour quel développement urbain?
Á celles et ceux qui n’y sont pas encore allés je recommande l’exposition sur le futur de l’Île de la Cité à la Conciergerie, autant pour ce qu’elle contient que pour ce qu’elle ne contient pas.
Bravo à Dominique Perrault pour son très beau projet d’aménagement : les liens entre la rue et les sous sols, les escaliers majestueux, les berges aménagées, la Seine conquise, les barges, les ouvertures…
Tout est fait pour attirer une clientèle de touristes, de chalands, de déambulateurs et de noctambules…
Dominique Perrault y projette un rêve chaleureux d’ordre et de beauté, de festivité, de calme et d’un peu de luxe, il faut bien l’avouer!
Ce qui n’y est pas : d’abord pourquoi ce projet et pourquoi pas un autre ? Celui-ci, bien réussi, dit ce qui pourrait être produit. A ce stade cela suffit; un autre eut été superflu. Mais ce projet est un aménagement. L’intention de développement est moins claire. Ou alors, moins clairement exprimée.
On sent une aspiration à une ville esthétique et traditionnelle comme l’est Venise, la ville un peu univoque d’un patrimoine magnifié, qu’avait bien incarnée Amélie Poulain.
Il y aurait là une intention politique. Et ma foi elle en vaut bien une autre même si elle mériterait d’être mieux explicitée pour que les habitants électeurs choisissent en meilleure connaissance.
Car l’Hôtel Dieu ou le Palais de Justice pourraient aussi devenir autre chose que des hôtels, des jardins, des logements mêmes sociaux, des commerces et des lieux de convivialité et de partage.
L’intention pourrait être de les transformer, et avec eux toute l’ile, en lieux de production, de concentration et d’expression des connaissances et des sciences; ou bien en lieux d’hybridation des sciences humaines et sociales.
Ou lieux de rencontres des cultures et des savoir faire immatériels puisque Paris a l’UNESCO et n’en fait pas grand chose. Ou encore un centre d’accueil des réfugiés; ou lieu pour les ultra riches, car il faut bien les faire payer pour reprendre une ancienne antienne.
Bref un lieu pour l’expression d’autres valeurs de Paris.
Il serait intéressant de lancer une réflexion sur ces sujets : à notre ville conviviale des espaces qualitatifs et du co working, de la fête et du baiser de Doisneau, ajouterions-nous une autre ville, celle de l’ouverture, de l’intégration et de la connaissance ?